Nous avons tous reçu des patients qui se sont présentés en annonçant « j’ai un problème d’occlusion : la cuspide palatine de la dernière molaire gauche me donne mal de tête et provoque des douleurs dans tout le coté jusqu’à la cheville ». Inutile de s’apesentir sur les difficultés qui s’annoncent pour le praticien qui accepterait de se lancer dans une intervention occlusale. Pour plusieurs raisons :
– d’une part un patient qui vient avec un diagnostic tout fait affirmant ainsi la prévalence de ses symptômes sur votre future réflexion thérapeutique, est extrêmement difficile à prendre en charge,
– d’autre part, ces patients ont en général été vus par de nombreux praticiens qui ont accepté d’intervenir sur l’occlusion en tant que telle (sans succès), et ont développé à leur contact une conception très personnelle de ce que devrait être leur occlusion ; devenus les spécialistes de leur occlusion ils savent mieux que quiconque ce dont ils ont besoin,
– enfin, parce que pour un tel patient qui souffre depuis longtemps (souvent des années), même s’il existe un désordre occlusal, celui ci n’est plus prioritaire.
Faut-il se pencher sur l’occlusion de ce patient? Est-il raisonnable d’imaginer que nous puissions le soulager là ou de nombreux autres praticiens ont échoué ?Quelle attitude thérapeutique envisager ?
Ces questions importantes qui nous assaillent en appellent une autre plus fondamentale : fallait-il un jour parler d’occlusion à ces personnes ?
Alors je profite de ce Blog pour vous poser ces questions :
1- Lors de l’anamnèse de nos nouveaux patients, faut-il évoquer la notion d’occlusion ou ne pas l’évoquer? Et si oui pourquoi ?
2- Quand on découvre chez un patient un désordre occlusal (je parle des contacts dento-dentaires et non des désordres musculo-squelettiques) faut-il lui parler d’occlusion ou ne rien dire? Et si oui pourquoi ?
15 commentaires
Gtoucompri a dit:
Jan 22, 2013
je pense à titre personnel que nous n’avons en aucun cas à parler d’occlusion avant d’avoir fait un diagnostic, de sa dysfonction cranio-mandibulaire, ou d’une autre pathologie.
la symptomatologie à laquelle nous avons à faire face, n’interesse pas uniquement l’occlusodontie pure et simple, mais à une multitudes de pathologies dont les symptomes peuvent être ceux d’un désodre occlusal; le terme d’occlusodontie sera bientôt désuet, au profit d’une discipline qui regroupera, des éléments de l’ORL, de la posturologie, de l’orthopsie, de la psychologie, de la psychiatrie, de l’ostéopathie, de la neurologie, et je dois en oublier.
Les dents dans tous ces syndromes douloureux polymorphes, en fait ne sont responsables que dans bien peu de cas, sinon, tout le monde serait redevable d’une rééquilibration occlusale qu’elle soit par meulage coronoplasties pardon, ou par prothèse adjointe ou conjointe.
Pourquoi faut-il parler alors d’occlusion alors que dans la majorité des cas, elle n’a rien à voir avec la pathologie du patient.je pense même qu’il s’agirait d’une errreur, et le patient qui vient pour une cuspide d’une 2eme molaire supérieure, est déjà dans une processus psychologique pathologique type névrotique ( aggravée par le praticien), qui rentre plus ou moins dans le cadre de sa pathologie initiale.
marcel Glorion a dit:
Jan 23, 2013
Merci à GTOUCOMPRI de ce point de vue catégorique qui recoupe assez bien mon point de vue. je pense comme comme vous que nous devons envisager les conséquences des contacts dento-dentaires (l’occlusion) dans un cadre psycho-fonctionnel large incluant effectivement tous les éléments qui participent aux adaptations posturales. Je ne sais pas si l’on peut aller jusqu’à dire qu’un patient qui focalise sur une cuspide est dans un processus pathologique de type névrotique, mais le praticien doit bien savoir qu’il n’est pas équipé pour répondre à ce type de situation.
Reprenant votre conseil de ne « parler en aucun cas d’occlusion », allez vous jusqu’à intervenir sur l’occlusion sans le signaler au patient?
Groucompri a dit:
Jan 23, 2013
Non jamais de la vie on intervient dans le dos du patient on explique la pathologie tout au moins sa propre démarche intellectuelle et si l’on pense que l’occlusion est concernée ou est un facteur étiologique de la pathologie du patient on explique ce que l’on va faire. Mais il faut avoir de bons arguments bien bétons pour toucher aux dents même si parfois les désordres occlusaux sont évidents a l’œil mais pas obligatoirement responsables des symptômes . D’où la nécessité d’avoir un diagnostic clinique très précis.
A noter que l’effet placebo d’un meulage même intempensif peut faire croire au praticien qu’il est sur la bonne voie, ou au contraire aggraver le cas et engager le patient dans un processus obsessionnel comme celui décrit dans votre cas .
marcel Glorion a dit:
Jan 23, 2013
Dans lesprit de ma question il n’était pas tent question de cacher une intervention mais de la façon de la nommer. Si votre diagnostic vous amène à penser qu’il faille réctifier la morphologie des dents, ne peut-on pas le dire aussi simplement sans évoquer le terme et le concept d’occlusion? On peut parler d’équilibrer les dents, de stabiliser la mandibule, de faciliter la mastication sans pour autant parler « d’occlusion ». On sait sait que c’est le terme d’occlusion en lui même qui est chargé de tous les maléfices liés au non concevable, non visible, non objectivable…alors que trop de gens et de patient l’utilisent.
Pour votre effet placebo du meulage, je m’interroge: parler vous de l’effet placebo que pourrait produire un meulage, ou de l’effet placebo d’un meulage fictif?
GTOUCOMPRI a dit:
Jan 23, 2013
je parlais de l’effet placebo d’une réelle coronoplastie.
je ne pense pas pour ma part que le mot occlusion soit un terme qui fasse peur, au patient parce qu’il ne sait pas en général ce qu’il comprend, oui on peut parler par ailleurs de ce que vous voulez pour expliquer au patient que ses dents se touchent mal lorqu’il les utilise, et que cela entraine un déséquilibre mandibulaire qui peut avoir des conséquences articulaires, musculaires, rachidiennes, orthoptiques, ostéopathique, enfin tout ce que l’on sait maintenant sur les désordres occasionnés par une déquilibre associé à des serrements chroniques des mâchoires( sans cela pas de pathologie occlusale)
enfin pour répondre à votre question, l’occlusion n’est pas à mon avis un mot à bannir de notre vocabulaire, je ne vois pas pourquoi.
par contre si dans votre esprit, l’occlusion physilogique, c’est la classe I canine, et molaire, les rapports cuspides fosses,cuspides crêtes marginales, les rapports anatomiques théoriques du condyle dans sa glène, et avec le disque,les fonctions canines obligatoires, et tout ce que l’on peut imaginer comme autres concepts théoriques, de type gnathologiques, alors là oui il ne faut plus parler d’occlusion, jamais plus car on entre dans l’arbitraire, car l’occlusion jusqu’à preuve du contraire n’est pas dans l’espèce humaine, une constante physiologique.
marcel Glorion a dit:
Jan 23, 2013
Certes l’occlusion est d’abord caractérisée par sa variabilité.
Mais pour reprendre votre formulation:
» expliquer au patient que ses dents se touchent mal lorqu’il les utilise, et que cela entraine un déséquilibre mandibulaire qui peut avoir des conséquences articulaires, musculaires, rachidiennes, orthoptiques, ostéopathique, »
n’est ce pas, pour une personnalité fragile ou engagé dans un processus obsessionnel comme vous dites, ouvrir une porte qui peut conduire à la catastrophe?
Quand un patient souffre de pulpite, et qu’on extirpe sa pule infectée, on ne lui raconte pas que les germes contenus dans la pulpe peuvent infecter tout son organisme, ou que des processus immunologiques sont engagés dans tout l’organisme pour limiter leur développement, etc…Pourquoi avec l’occlusion engager le patient dans une logique qui met en cause toute son homéostasie, y compris les implications psychiques.
Pour le patient, rectifier une cuspide ne devrait pas représenter un enjeu sanitaire. La question que je me pose c’est aussi de savoir si nos confrères ne se seraient pas risqués à magnifier l’occlusion pour compenser un complexe d’infériorité vis à vis des médecins. Ne deviendrait-on pas égal au médecin (ou au bon dieu) si, en touchant une cuspide, on pouvait changer toute la vie d’un patient? Et si un certain nombre de patients ont besoin de cette approche magique ils trouvent alors ces dentistes qui utilisent l’occlusion pour tout et son contraire.
Ne pensez vous pas qu’invoquer l’occlusion au décours de soins dentaires, en lui attribuant un potentiel de déséquilibre général, soit un risque?
H*R a dit:
Juil 23, 2021
« Pour le patient, rectifier une cuspide ne devrait pas représenter un enjeu sanitaire. »
En principe sauf dans le cas de contact occlusal en bout à bout, il est recommandé de ne pas meuler les cuspides des dents en contact prématuré. On meule la fosse de la face occlusale de la dent antagoniste en prématurité. En général le contact prématuré se situe sur un versant cuspidien de la face occlusale de le dent.
H*R a dit:
Juil 23, 2021
« Ne pensez vous pas qu’invoquer l’occlusion au décours de soins dentaires, en lui attribuant un potentiel de déséquilibre général, soit un risque? »
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Il est certain que c’est un risque si le praticien n’a ni les connaissances et ni l’expérience nécessaire pour le faire. Une équilibration occlusale bien menée donne des résultats cliniques stupéfiants et immédiats. Équilibration occlusale = meulages sélectifs des dents en contact prématuré en statique et en dynamique.
GTOUCOMPRI a dit:
Jan 24, 2013
je me plaçais dans le cadre d’un patient qui vient consulter pour une symtomatologie évoquant une dysfonction cranio-mandibulaire. Adressé par un praticien dentiste, ostéopathe, ORL ou autres, on est pas dans le cadre de soins dentairesoù parler d’occlusion n’a aucun intérêt pour le patient sauf s’il est curieux.
Pour la pathologie dont on parle, je procède pour ma part comme dans tout diagnostic en médecine, l’anamnèse, les antécédents, les signes fonctionnels, les signes physiques, l’examen clinique, les hypothèses diagnostiques, les formes cliniques: évolutives, ls formes étiopathogéniques articulaires musculaires, les formes symptomatiques ,les formes intriquées, et les diagnostics différentiels.
A la lumière des hypothèse formulées, on peut envisager de réaliser des examens complémentaires pour préciser le diagnostic, ou pour éliminer des pathologies ayant les mêmes symptomes.
on n’évoque les problèmes d’occlusion au patient que si l’on a des arguments solides pour en parler mais pas pour faire savant: j’ai recemment vu une patiente qui ne pouvait pas ouvrir la bouche de plus de 1cm, « on » s’est jeter sur elle ( un grand occlusodontiste parait-il) pour lui rééquilibrer
son occlusion, mais on avait omis de lui demander ses antécédents, or cette patiente avait subi une
radiothérapie pour K de l’amygdale d’où l’intérêt d’avoir une démarche médicale pour éviter des erreurs diagnostiques.
les ADAM ne sont qu’une des pathologies à envisager devant un patient douloureux ( Douleur de la face de la tête du cou et du rachis)et c’est un examen clinique approfondi et qui prend du temps qui permet d’orienter le diagnostic.
En résumé, on ne parle pas à mon avis d’occlusion si ça n’a rien à voir avec le cheilblick, à moins que l’on ne connaisse que l’occlusion et pas le reste, ce qui est plus gênant.
marcel Glorion a dit:
Jan 24, 2013
100% OK
Cheiblick?
Gtoucompri a dit:
Jan 25, 2013
Je n’ai pas compris votre interrogation.
Bonne journée.
Y a t-il que Glorion et moi-même sur ce site?
Réveillez vous les autres ! Lâchez vos cuspides, votre papier bleu 12 microns et vos meulettes. L’avenir de l’occluso se joue ici.
marcel glorion a dit:
Jan 26, 2013
que signifie « cheiblick » c’est ça ma question?
GTOUCOMPRI a dit:
Jan 26, 2013
le schmilblick, de notre Coluche national, mais ce p… d’iphone est anglophone
cestsimple a dit:
Avr 30, 2021
Peut on relancer le débat sur ce thème? Et si on avait tous un pb d’occlusion?
H*R a dit:
Juil 23, 2021
» Et si on avait tous un pb d’occlusion? »
Question très pertinente et essentielle. L’occlusion dentaire fait partie du système ostéo articulaire et participe à la posture globale de l’individu. Tout modification en bien ou en mal de la posture globale entraine aussi des changements au niveau de l’occlusion dentaire. Comment évaluer soi même l’état de sa posture globale ? Il suffit d’examiner attentivement les semelles de ses chaussures et de voir si les parties abrasées sont symétrique ou pas. Au niveau buccale, observez si vous avez des abrasions des cuspides de vos dents surtout des canines et prémolaires. Nous en avons tous un peu ou beaucoup. Cela veut dire qu’on a un déséquilibre occlusal. Si vous avez une bonne marge de votre seuil de tolérance il n’y aura pas de conséquence douloureuse dans le cas contraire il y a risque d’apparition de douleur dû à ce déséquilibre posturale en relation peut être avec une malocclusion.