Nous relayons ci dessous un message reçu d’un confrère révolté par la création d’une faculté privée d’odontologie. Nous souhaiterions connaître les opinions de nos lecteurs quant à l’intérêt de la création de facultés privées par rapport à l’enseignement des DAMs et de l’occlusion. Peut-on en attendre des progrès? Peut-on espérer une meilleure prise en charge des patients? Merci de vos réactions.
« Comme vous le savez sans doute, sur le campus de la Garde (Toulon), a vu le jour une université portugaise qui propose de former, elle aussi à coté de nos facs, les futurs chirurgien-dentistes & orthodontistes : les bacheliers intéressés (moyennant 9500 euros/an) pourront, après un cursus de 6 ans, se prévaloir d’un diplôme tout-à-fait valable, équivalent à ceux obtenus à la faculté de Marseille, Nice, Paris… et s’installeront où bon leur semble, dans le sud-est comme n’importe où en France puisque les diplômes européens se reconnaissent entre eux ! Ces nouveaux chirurgien-dentistes, sélectionnés semble-t-il avant tout grâce à leurs moyens financiers, seront ainsi sur un pied d’égalité avec ceux qui seront passés par le concours de PCEM1 hautement sélectif, ledit concours étant là pour limiter le nombre des heureux élus en ne prenant de surcroît que les meilleurs.
Si la France veut plus de dentistes sur son territoire, eh bien qu’elle ouvre un peu plus le numerus clausus, c’est à elle de former l’essentiel de ses élites ! La France ne peut justifier d’un coté le numerus clausus en expliquant qu’il est là pour réguler le nombre des futurs praticiens en fonction des besoins de la nation (quitte à sacrifier nombre de ses étudiants avec les drames que l’on peut deviner) et d’un autre coté, accueillir sans vergogne des étudiants formés selon des critères qui sont jugés pour le moins ambigus, le tout en dehors de tout contrôle de la nation.
A terme, c’est la saturation du marché qui nous attend (le nombre de ces écoles est appelé à s’accroître, l’ouverture prochaine à Antibes et à Nice est en préparation), la dévalorisation de notre diplôme de PCEM1, notre CSCT et notre Thèse, un danger pour les patients avec la mise à disposition de dentistes ultra-sélectionnés et formés selon l’enseignement national (dont la réputation n’est plus à faire) et de l’autre des chirurgien-dentistes formés sur notre territoire mais sous contrôle et méthodes portugaises ! Comment s’y retrouver ? Bref, c’est une dévalorisation de notre profession toute entière qui nous attend (moins sélective,disparité de formations et effectifs plus nombreux oblige !)
Enfin ce qui arrive aux chirurgien-dentistes concerne déjà les pharmaciens, et touchera demain les médecins et bien d’autre encore.
Le gouvernement, sauf à se dédire du numerus clausus devra agir pour limiter un surcroit suicidaire de chirurgien-dentistes dans l’hexagone, et pour cela rendre plus sévère encore ce dernier ! Un comble non ?
On nous décrit ce fait comme une fatalité due à l’Europe ! Mais quand la mise en jeu de la santé de nos concitoyens est dans la balance, pouvons-nous simplement nous satisfaire de cette simple explication ? »
Détails sur la faculté ici : http://www.ufpfrance.fr/index.php/sciences-de-la-sante/odontologie/
Dr Nicolas CABARROU
La Valette-Du-Var
17 commentaires
Gtoucompri a dit:
Nov 27, 2012
Ce sont des effets collatéraux de l’Europe et de la mondialisation. Un étranger venant d’un pays extra Européen ( j’en connais plusieurs) ont passé leur équivalence en Italie après avoir appris l’italien et le français et sont installés en France du fait que le diplôme Italien est reconnu ici. . Heureusement ce sont des gens brillants. Mais sur le principe c’est injuste. Les postes de chirurgiens occupés par des ressortissants étrangers dans les hôpitaux sans avoir passés les concours d’Internat et s’installant en France ensuite après équivalence est du même tonneau.
Nous sommes tributaires des lois européennes désormais et on doit la fermer.
pasambro a dit:
Nov 27, 2012
C’est la conséquence logique d’une politique engagée depuis longtemps qui consiste à refuser nos élèves malgré leur bon niveau et leur travail et à créer des examens purement sélectif basés sur les math et la physique. tout est fait par l’éducation nationale pour empêcher nos enfants d’aboutir et de poursuivre les études qu’ils désirent suivre. De plus le numérus clausus à été augmenter sans aucune analyse des besoins en soins. La carie et l’édentement sont en voie de diminution importante, il n’y a aucune prévision du marché dentaire dans les prochaines années et ces augmentations n’ont pas tenue compte de s flux migratoires professionnels en Europe (déjà plusieurs centaines de praticiens formés en Roumanie qui s’installent en France)
L’université manque de moyen et s’enlise dans le dédale administratif plutôt que de consacrer son énergie et ses talents à la recherche et à la formation des praticiens. La brèche est ouverte, le flot est inexorable: bientôt il y aura plus de praticien formé en privé qu’en public, l’offre de soins dépassera largement la demande, les praticiens seront enfin en face d’un vrai marché concurenciel avec toutes ces conséquences.
L’avenir sera complexe, certains survivront, d’autres disparaîtront: il faut préparer dès maintenant sa survie!!
Carlos a dit:
Nov 27, 2012
Que le praticien ait été formé dans une école privée ne signifie pas automatiquement qu’il sera un nul; de la même façon que le diplômé d’une université française n’est pas automatiquement une flèche!
Cela dit, le problème démographique demeure…
Mamouth34 a dit:
Nov 27, 2012
Je suis tres heureux d apprendre l ouverture de ce genre d etablissement, qui formera a terme, je n en ai aucun doute, d aussi bons praticiens que l université francaise. C est le meilleur moyen de faire exploser le systeme educatif dentaire, d y introduire de la concurrence, non seulement entre les etablissements, mais aussi entre les enseignants. Le concours de pcem selectionne des qualités chez les etudiants, qui ne sont pas toujours en relation avec leur futur metier, ces ecoles sauront s adapter 100 fois plus rapidement que l education nationale. Bon courage, petit degraisseur de mamouthon!
canine a dit:
Nov 27, 2012
Où iront-ils pour la clinique, chez des maîtres de stage, et qui paiera les soins des futurs patients, car l’ARS tiquera un peu. Et l’Urssaf, elle aura son mot à dire aussi…Les futurs étudiants n’auront pas le statut d’externe, mais de salariés de cabinets privés
Cela ressemble au modèle andorran initié par un enseignant toulousain et sénateur aussi, « profs » français, et espagnols, stages cliniques en cabinet libéral formaté…
A mon avis ça va faire pschitttt.
castor a dit:
Nov 28, 2012
Ce qui était marginal deviendra majoritaire car aucune volonté politique …..
Lazozou a dit:
Nov 28, 2012
Ravie d’apprendre l’ouverture de cette école.
Il n’y a pas assez de dentistes, la profession se spécialise de plus en plus et il y a de la place pour tout le monde.
La compétence et les qualités humaines feront à elles seules la sélection naturellement .
le programme a l’air sérieux et si l’ambiance et plus « ouvrante et plus humaine que dans les facs c’est pas plus mal : je garde un souvenir épouvantable de mes études ( doctorat en 1983) et je ne suis pas la seule !!
Pessoa , en plus est une belle référence !
Bienvenue aux portuguais !
Lazozou
pasambro a dit:
Nov 28, 2012
S’agit il d’une arnaque??? Il faut envoyer 100€ avec le dossier d’inscription préalable avant de savoir si le candidat est retenu. il y a très peu d’infos sur le cursus, le programme n’est même pas traduit dans un français correct pur les termes professionnels: y a t il des TP en 2° et 3° années, avec quel matériel, où se fait la formation clinique, dans qu’elle structure. Je veux bien que l’on reproche beaucoup de choses au fac françaises, mais l’odontologie est de plus en plus vaste et complexe donc difficile à enseigner. Le niveau des étudiants français est plutôt dans la tranche supérieure européenne, rien ne garantie la valeur de cette enseignement. Il faut se méfier de cette annonce qui ressemble à une arnaque pour escroquer de l’argent au candidat sans rien leur apporter.
pasambro a dit:
Nov 28, 2012
Aucune adresse, personne ne répond au numéro de téléphone donné: attention arnaque dans l’air.
Éditeur a dit:
Nov 29, 2012
Quelle avalanche de commentaires en une journée! Un sujet qui ne laisse pas indifférent donc. Mais pour l’enseignement et la prise en charge des patients DAM et occlusion pensez vous que la mise en concurrence des faces soit un facteur positif? Quelqu’un connaît-il la situation de ces patients dans les pays où la concurrence entre facs est la norme? La concurrence à-t-elle permis de faire émerger des enseignements et des prises en charge de meilleur niveau pour un sujet tel que le notre? Si les facultés publiques françaises sont les établissements qui forment les praticiens adaptés aux réseaux de soins des mutuelles, quels centres d’enseignement formeront les praticiens qui voudront répondre aux demandes les plus exigeantes? À-t-on besoin de centres de formation à deux vitesses pour des soins à deux vitesses?
tergalbagnole a dit:
Déc 7, 2012
Ces écoles devraient être interdites ,elles ont été crées en Espagne ,le résultat est qu’il y a 15 % de dentistes au chomage et ce n’est pas fini .Il faut absolument un numérus clausus européen pour réguler tout cela .il faut que l’ordre agisse rapidement car demain ce sera trop tard.
gérard.T a dit:
Déc 8, 2012
Dans l’ordre d’une régulation fondée sur les besoins de santé publique et les possibilités de financement par des organismes d’assurances nationalisés, il est effectivement indispensable l’on ne laisse pas n’importe qui distribuer des diplômes de médecins, dentistes ou pharmaciens au sein de la CEE. Mais que voit-on? 18 dentistes roumains sont déjà installés dans la Vienne.(C’est un exemple parmi d’autres départements) Ils n’ont pas subi la sélection du PCEM, ils ne parlent souvent qu’à peine le français, et personne ne peut dire quel est leur niveau de soin. Il n’y a rien à opposer à cette situation du point de vue légal. Pas plus que pour la création d’une faculté portugaise. Certains disent que c’est bien pour les zones de déserts médicaux. D’autres s’inquiètent pour la qualité de prise en charge des patients. D’autres encore crient au scandale financier puisque ces soins sont pris en charge par la collectivité. Qui a prévu la situation? Qui l’a évaluée? Qui dispose des projections des besoins en praticiens et des besoins de santé dentaire pour les 20 ans à venir? Personne, personne, personne! Est-on dans la réflexion sérieuse ou dans le corporatisme le plus étroit?
Cette situation illustre l’incapacité à prévoir des pouvoirs publics englués dans des réglementations en béton mais qui fuient de toute part à l’aune de la révolution européenne. Peut-on soutenir ce centralisme déconnecté des réalités sanitaire sous pretexte qu’il dépense nos cotisations sociales? Faut-il au contraire reporter notre confiance sur « la main invisible » du marché qui stoppera les créations de facultés et les installations superflues des personnels de santé dès lors qu’il n’y aura plus assez de « clients »? Le jeu est biaisé par la prise en charge global des soins par les assurances publics. Ce panier sans fond autorise toutes les entorses à la régularisation par le marché, autant que les dérives hospitalières. Il les crée même.
Le problème est compliqué mais cette création de faculté privée met le doigt où il faut pour que les responsables commencent à s’activer.
Baguette20 a dit:
Juin 11, 2013
Le sujet passionne toujours autant et les Portugais ont mis à jour ce qui se faisait depuis longtemps. Combien d’élèves sont passés par la Belgique? Ici, à la Universidad Europea de Madrid, les élèves sont formés dans des conditions exceptionnelles. Oui, c’est privé et ça a un coût. Beaucoup prennent un prêt pour pouvoir faire leurs études ici. Mais c’est un investissement sur l’avenir.
Combien de brillants élèves sont en échec dans le système du numerus clausus? Le privée peut leur donner une deuxième chance. Et les universités privées ne survivront que si elles « fabriquent » des professionnels de qualité. Sinon, personne n’ira se former chez eux.
Hans Block a dit:
Juin 12, 2013
Merci de ce témoignage optimiste et concret. Le monde fermé est mort et la fonction publique ne le sais pas encore.
Nap a dit:
Juil 27, 2014
Je connais personnellement des médecins formés dans les pays comme la Roumanie, et installés partout en europe; très compétents et serviables.
La Médecine en France est réservée à une certaine classe qui ne songe à amasser le fric, dont la compétence fait parfois défaut.
Est-c normal qu’un étudiant avec une moyenne de 14 ou 15 se voit recaler aprés une ou deux années d’étude ?
Alex a dit:
Déc 27, 2014
Pour ma part, j’en ai bavé pour réussir ma P1 et poursuivre mes études… Une connaissance s’est franchement bien coulée douce en PACES et bien évidemment ne l’a pas eu. Grâce à l’argent de ses parents, elle va devenir Dr en chirurgie dentaire au même titre que moi. Je trouve ça honteux ! Honteux parce que ce n’est pas du tout égalitaire: au lieu d’une sélection sur la méthode de travail, la capacité de travail, c’est une sélection financière !
Jamais mes parents auraient pu me payer une telle école, ni faire un prêt de ce montant ! De même une autre en PACES; arrivée dans les derniers, elle a décidé de redoubler son année… Premier semestre de sa 2ème P1 : échec ! Bah oui Mme apprenait ses leçons devant la télévision, passait 1 heure à se pomponer pour aller en cours et vous savez quoi ? Elle a pu intégrer l’école portugaise dans le sud au deuxième semestre pendant que moi et mes amis, nous nous cassions la tête à faire plein d’exos, à apprendre nos cours en PACES… C’est lamentable ! Fils/fille d’ouvrier : on ne peut pas … Les miens ne peuvent pas !
N’allez pas dire que ce concours est injuste, c’est le jeu comme tout concours !
Ce fut une année terriblement dur mais faut bien une sélection sinon n’importe qui serait professionnel de la santé.
editeur a dit:
Jan 5, 2015
Une sélection ets forcément inégalitaire ou injuste selon les vocables que l’on préfère. Mais c’est la vie aussi qui est inégalitaire ou injuste: fils d’ouvrier ou fils de banquier, capable de se concentrer ou non, pourvu ou non d’une bonne mémoire, etc…
Le problème me semble moins celui de l’inégalité ou de l’injustice que de l’aptitude à rendre à la nation le sercice qu’elle attend tout en prenant plaisir au métier qu’on exerce.
Aujourd’hui, qui peut dire quelle sera la profession de chirurgien dentiste dans 25 ans? Pouvez vous dire que vous trouverez du plaisir? Qu vous ne regretterez pas les efforts consentis?
Dès lors que l’Europe a perdu ses valeurs et ses exigences en matière de santé, dès lors que la notion même de santé doit être remise en cause, ne peut on pas imaginer que la multiplicité des offres de formation et de soins, permette finalement de faciliter l’émergence des nouvelles voies?
Dans cette mutation profonde les atermoiements personnels sont-ils audibles?
Je vous souhaite bonne chance et surtout de maintenir votre respect du travail.