La palpation de l’ATM
– est un acte simple, rapide, riche d’enseignements et constitue un élément diagnostique complémentaire de la palpation musculaire, le l’examen de la déglutition et de l’examen de l’occlusion.
– permet d’évaluer cliniquement les déplacements, les ressauts, les limitations, les blocages, les asynchronismes, les contraintes discales, et les relations mécaniques entre les contacts dento-dentaires et les structures articulaires. Elle permet aussi de caractériser ou d’identifier des douleurs articulaires.
– contribue à enrichir un document capital, le diagramme de Farrar, qui permet de suivre simplement l’évolution des situations articulaires dans le temps ou au décours des traitements.
Qui est concerné? Tous les patients et tous les praticiens sont concernés dans la mesure où cet examen est très rapide pour les patients non atteints de DAM (une minute y compris le diagramme de Farrar) et qu’il est indispensable dès lors qu’un DAM est noté.
1 – Palpation de dépistage. Il faut préciser que cette palpation de l’ATM, dans le cadre d’un exercice généraliste, pour un nouveau patient qui n’a aucune demande vis à vis d’un DAM (ou lors des vistes de contrôles de patients anciens) , ne saurait être mise en scène comme un acte particulier. En effet, il est bien connu qu’une très large part de la population présente des désordres mineurs, non pathogènes, et parfaitement adaptés, des ATMs: bruits articulaires, ressauts, difficultés de gestion des mouvements latéraux…La palpation de l’ATM doit être un acte de routine, le premier effectué sur le patient assis sur le fauteuil, (il doit donc précéder l’examen des dents) et ne pas être annoncé au patient. Annoncer la palpation des ATMs à un patient sans demande spécifique c’est déjà installer, pour les plus fragiles psychologiquement, ou les plus en demande de soins, l’hypothèse d’un DAM. Et dès lors, le plus petit signe articulaire peut devenir dans leur esprit l’objet d’une inquiétude qui poussera à une demande de prise en charge qui n’aurait pas lieu d’être. La palpation de l’ATM pour les nouveaux patients sans demande particulière, doit se faire presque machinalement, les mains posées sur les joues, comme une prise de contact physique initiale. Le contact des mains créé la confiance, il montre au patient que le thérapeute le prend en compte globalement, qu’il s’occupe de « l’extérieur » avant « l’intérieur », qu’il ne l’agresse pas avec des instruments métalliques ( le miroir comme écarte bouche, peut être perçu comme un refus de « toucher » le patient). Ce contact manuel n’appelle aucun autre commentaire qu’une demande d’ouverture et fermeture de la bouche; et la conclusion quasi générale: « bon ça marche bien ». Bien entendu, si un réel DAM limitant ou douloureux est détecté ou exprimé, le praticien pousse son examen comme pour un patient DAM.
2 – Si le patient a une plainte spécifique portant sur un DAM, ou si un DAM est découvert lors de la palpation de dépistage, la palpation de l’ATM devient cruciale. Elle sera décrite dans le prochain post.
Pensez vous utile de palper les ATMs de chaque nouveau patient en absence de plainte particulière? Vous a-t-on enseigné cette palpation? Qu’en attendez vous?
5 commentaires
jipbraham a dit:
Mai 11, 2012
Je pense que cet acte exécuté initialement sans en parler au patient est inutile et risque de lui faire se poser des questions: pourquoi on s’adresse à ses « oreilles » plutôt qu’à ses dents.
En revanche il est indispensable après une anamnèse si le patient évoque des bruits à la mastication ou a la mobilité de la mâchoire et que cela fait partie de ses demandes lors du questionnement.
Bulldog a dit:
Mai 11, 2012
Ne faisons pas d’examens articulaires de dépistage, pas de rétro-alvéolaires de dépistage non plus! Contentons nous de faire ce que nous demande le patient : « un p’tit détartrage »! Hop et laissons s’installer les maladies carieuses, les parodontites et les ADAM. Contentons nous de ce bon vieux modèle curatif imposé par la sécu : y’a bobo? : alors je donne un anti-bobo! Au diable les diagnostic, la prise en charge individualisée, les traitements fondés sur l’étiologie, la prévention…
Bulldog : un prati-chien enragé.
marcel glorion a dit:
Mai 13, 2012
Voila deux avis bien tranchés qui montrent à quel point la dentisterie est écartelée entre les pratiques standardisées et à minima prises en charge par la sécu, et l’ambition médicale qui pousse le praticien à voir chacun de ses patients comme une personne à part entière; et qui devrait pouvoir bénéficier des compétences de dépistage, de diagnostic et de soin pour tous les aspects de la médecine bucco-dentaire.
Je comprends le ton agressif de bulldog: c’est sûr que si on veut dépister les désordres mandibulaires, il faut se donner les moyens cliniques de faire le travail. Et alors oui la palpation des ATMs est un examen minimal de base.
Mais je comprends aussi en partie la position de JIPBRAHAM qui redoute qu’on induise chez le patient des questions qui n’auraient pas lieu d’être. Mais en fait cette inquiétude ne devrait pas se poser. Imaginons un médecin qui ne pèserait pas son patient lors d’une visite de routine au motif que son motif de consultation serait une simple toux ou je ne sais quel symptôme bénin. Ne sommes nous pas assez formés pour expliquer à nos patients que ce n’est pas parce qu’on palpe ses ATMs qu’on lui cherche une pathlogie ORL. Est-il ilégitime de dire à un patient qu’on cherche à savoir comment fonctionne son appareil manducateur?
Quel est le risque le plus grand en terme de santé publique: ne pas palper les ATMs de tout un chacun quitte à passer à coté des très nombreux patients présentant des DAM, ou palper les ATMs de tout le monde quitte à prendre le risque que certains se posent la question de savoir « pourquoi on s’adresse à ses oreilles » La réponse est simple non?
Alors, sous réserve des conditions expliquées dans le post ci dessus, je persiste et signe: oui il faut palper les ATMs de tous nos patients.
jipbraham a dit:
Mai 14, 2012
L’analogie avec le praticien qui pèse son patient ne tient pas la route même si on se veut holistique. La seule observation de l’ouverture de la bouche : « ouvrez grand » avec ou sans limitation et déviation nous fera interroger notre patient a bon escient sur des bruits ou gène articulaires.
est-ce que Marcel Glorion veut bien nous dire quelle démarche il entame une fois que les articulations se révèle douloureuses? Merci
Marcel Glorion a dit:
Mai 14, 2012
L’analogie tient tout à fait car il s’agit d’un examen de routine qui n’appelle pas d’observation particulière dans la plupart des cas et qui conserve un intérêt documentaire pour suivre l’évolution du patient. Je rappelle les réserves que j’ai signalées:
« La palpation de l’ATM doit être un acte de routine, le premier effectué sur le patient assis sur le fauteuil, (il doit donc précéder l’examen des dents) et ne pas être annoncé au patient. Annoncer la palpation des ATMs à un patient sans demande spécifique c’est déjà installer, pour les plus fragiles psychologiquement, ou les plus en demande de soins, l’hypothèse d’un DAM. Et dès lors, le plus petit signe articulaire peut devenir dans leur esprit l’objet d’une inquiétude qui poussera à une demande de prise en charge qui n’aurait pas lieu d’être. »
Ceci étant, j’en viens à l’interrogation qu’est ce que je fais si le patient signale des ATMs douloureuses. Et je distingue deux cas:
1- si l’entretien clinique n’a rien signalé (ni LDR douloureuse, ni LDI, ni arthrose, ni même capsulite-synovite), je me garde bien de dire quoi que ce soit. Je prends note dans le dossier et c’est tout.
2- si au cours de l’entretien clinique le patient a fait état de douleurs des ATMs, mon travail consiste à établir un diagnostic.