Puisque nous aspirons à ce que notre discipline progresse nous avons l’obligation intellectuelle et morale d’appuyer nos travaux sur une démarche scientifique. Malheureusement, nous savons que l’occlusodontologie est bien mal placée en la matière: entre les gourous qui assènent leurs vérités sans le moindre esprit critique, les faux savants qui manipulent les données ou les échantillons d’études mal conçues, et les patients prêts à croire n’importe quoi, les faits rationnels et les expériences reproductibles ont bien du mal à se faire une place. Mais l’odontologie n’est guère mieux lotie. Et la médecine semble dans une situation comparable. Hervé Maisonneuve est un chercheur qui traque les fraudes et autres aménagements douteux. Il anime un blog qui mérite le détour. Ce mois ci il signale que les meilleures méta-analyses sont mauvaises et que les « Systematic reviews » doivent être regardées de très près.
Pour un scientifique, garder le silence ne vaut-il pas mieux que d’affirmer haut et fort qu’on ne peut rien dire? Parler pour ne rien dire n’est pas sagesse. Bien des questions sans réponse ne valent elles pas mieux que des conclusions stériles prétendument scientifiques?
2 commentaires
Q-SPEEDO a dit:
Mar 8, 2012
Excellent travail que celui du Pr. Maisonneuve. On peut aussi consulter le site du CEB : Center for Evidence-Based Dentistry : http://www.cebd.org/home/ qui en rappelle les principes fondamentaux à tous ceux qui aurait sacrifié leur âme sur l’autel de l’impact factor. Cette organisation travaille pour établir un système permettant d’évaluer la qualités des études systématiques.
Les praticiens ne lisent pas assez. Il faut du temps pour lire et il est difficile de trouver la bonne information et de la synthétiser. Il a trop de revues, trop d’articles… Les revues pullulent et publient n’importe quoi, n’importe comment.. A cela s’ajoute le fait que la compréhension des résultats est subtile (comprendre les odds ratio…).
Pour que la vocation, légitime et nécessaire, de l’Evidence Based Medecine, puisse se réaliser, il faut s’assurer de sa rigueur et de son honeteté intellectuelle. C’est chose rare en science, comme dans l’ensemble des activités humaines d’ailleurs…
Si tout le monde fait un effort (les auteurs et les lecteurs) la science et la pratique médicales en sortiraient grandies.
Hans Block a dit:
Mar 8, 2012
L’EBD est un démarche indispensable mais sans existence en occluso: trop de paramètres, rien de reproductible, et besoin d’échantillons calibrés inaccessibles dans le cadre des pratiques courantes. Et ce qu’il faudrait en amont, c’est proposer de nouvelles hypothèses qui restreignent les paramètres en jeu. L’optimisme n’est pas de mise chez nous. Mais ce n’est pas une raison pour accepter comme vraies des propositions fantaisistes fondées sur l’ego ou le commerce.