Un encadré du premier numéro de Pratiques Dentaires le nouveau journal de l’UFSBD, dans le cadre d’un dossier de santé publique intitulé « La santé bucco-dentaire, un atout pour tous les sportifs », fait tenir à J.M. Landouzy, kinésithérapeute et ostéopathe des propos à la fois importants et simplistes. Au chapitre des propos importants cette constatation « L’occlusion est l’un des facteurs essentiels de l’équilibre mandibulaire ». Oui c’est bien de l’équilibre (fonctionnel) mandibulaire dont on s’occupe en occlusodontologie ; c’est bien cet équilibre qui est en cause dans les DAM. Et, on peut le souligner, cet équilibre est lié globalement à la posture. D’où l’importance de la collaboration entre le chirurgien dentiste, le kiné/ostéopathe, l’ORL et l’orthoptiste.
Au chapitre des propos simplistes (mais peut être est ce la simplification journalistique qui est responsable de la formulation) nous relevons : « Prenons le cas d’un tennisman droitier chez qui une malocclusion provoque une déviation latérale gauche de la mandibule. Celle-ci se traduit par un abaissement de l’épaule droite. D’où une diminution de force dans l’épaule et le bras droit et un défaut d’équilibre sur le pied droit. Le service et le coup droit sont affaiblis mais il conserve un revers efficace »
Cette vision en deux dimensions, mécaniste, réductrice, qui passe sous silence l’ensemble des compensations et adaptations tridimensionnelles qui caractérisent un être vivant, désigne en fait une cuspide comme agent causal d’un déséquilibre qui serait responsable d’une baisse de performance sportive. Il nous semble que ce genre d’affirmation fait partie de celles qui limitent la crédibilité de l’occlusodontologie.
Soyons à la fois circonspects et ouverts. Oui un désordre entre cuspides antagonistes peut perturber l’équilibre mandibulaire (l’inverse aussi est vrai). Mais avant d’en tirer des conclusions mécanistes n’est-il pas souhaitable de faire ( si possible) l’inventaire de tous les capteurs ( musculo-squelettiques, oculomoteurs, vestibulaires…) qui participent à la qualité des performances sportives ?
Heureusement l’article de Pratiques Dentaires, à la page suivante, donne un éclairage plus crédible à ses lecteurs : « Le praticien peut proposer au sportif le port de gouttières occlusales pour rectifier sa posture, améliorer ses sensations ou soulager ses douleurs. Attention toutefois à ne pas provoquer l’effet contraire: Le trouble postural peut être bien compensé prévient le Dr. P. Boissonnet, la moindre intervention peut alors se révéler très perturbante ».
Pour tous les praticiens qui par leurs travaux quotidiens cherchent à maintenir l’équilibre fonctionnel de la mandibule, ou à le rétablir, il est clair que cet équilibre ne peut se concevoir que dans le cadre postural global. Pour les patients sportifs comme pour tous les autres. D’où l’importance de la collaboration avec des ostéopathes occluso-conscients.
Travaillez vous régulièrement avec des ostéopathes?
Recevez vous des demandes de la part des ostéopathes? De quels types?
Adressez vous, de votre coté, vos patients en consultation chez un ostéopathe? Qu’en attendez vous?
10 commentaires
hennebicq a dit:
Fév 16, 2012
bonjour,
et d’abord merci pour la qualité et les articles de ce blog qui sont très proches de la réalité clinique .je suis ostéopathe posturologue et je voulais faire une petite remarque sur le role de l’occlusion et l’équilibre de la mandibule chez un sportif
effectivement il est important de bien intégrer le role du capteur cranio mandibulaire dans le systeme postural. Ce capteur est un capteur adaptatif lorsque d’autres capteurs sont déficients ( OEIL ,pied , rachis cervicale ) et de ce fait toute interférence occlusale déficitaire sera révélatrice d’une pathologie sensorielle et musculo-squelettique.De plus , chaque individu appartient à une certaine latéralité et propose ainsi des habitudes de parafonctions d’ordre comportemental ( ex : un structurel sert plus souvent les dents , un spatial diducte plus facilement en cas d’effort )
dans l’exemple que vous avez pris du tennis vous pouvez observer que R nadal propose une diduction exagérée physiologique lorsqu’il fait un coup droit qui est le résultat d’un appui , d’une tenu de tete et d’une version occulo-motrice bien équilbrée à l’impact de la frappe de balle
j’ai réalisé un article sur la prise en charge posturologique de la femme sportive pour l’association des entraineurs d’il de france d’athlétisme ou j’avais repris ce slogan bon pied bon oeil bonnes dents qui me semble résumer la situation
je pense que l’équilibre occlusal et mandicateur est surtout essentiel pour tout individu car il détermine à la fois l’équilibre morphostatique cervicodorsal et détermine nos conditions mécaniques d’équilibre du systeme postural
si ces quelques remarques ont pu éclaicir la vision de chacun comme vous pouvez le faire à travers vos différents articles
bien cordialement
HENNEBICQ jf osteopathe inventeur du concept de posturopathie
Marcel glorion a dit:
Fév 16, 2012
Merci de votre intervention. Je suis chirurgien dentiste de formation et, même si je suis parfaitement conscient qu’on ne peut discuter de l’équilibre mandibulaire sans prendre en compte l’ensemble de la posture, j’ai quelques difficultés à me repérer dans l’ensemble des « concepts » dont se réclame l’ostéopathie. Que votre pratique vous conduise à distinguer des types « structurel » ou « spatial » je peux le comprendre, mais cela ne me parle pas par rapport à ma clinique ni par rapport à mes références bibliographiques. J’ai donc beucoup de mal à pouvoir discuter votre opinion. Mais pour avancer, peut être, peut-on nous mettre d’accord sur des termes qui doivent nous être communs: qu’entendez vous par « interférence occlusale déficitaire »? En odontologie cela ne représente rien. Dans votre discipline que signifient ces termes?
hennebicq a dit:
Fév 16, 2012
bonjour,
vous avez raison pour se comprendre il faut parler le meme langage
en posturologie clinique , lorsque l’on interroge le capteur occlusal , on utilise un test postural de référence : le test de Meersman.
Ce test permet d’évaluer en OIM ( occlusion intercuspidation max ) si il existe une différence de tonus musculaire sur le réflexe asymétrique du cou à l’aide du test des extenseurs ou des abducteurs
en cas de contact non harmonieux ce test va montrer une différence de tonus yeux ouverts amenant une interférence occlusale déficitaire améliorée à l’occlusion des yeux et rétablit par la mise en place de bristol sur l’ensemble des arcades dentaires.
Dans notre pratique , l’occlusion est déficiente si et seulement si ce test est reproduit dans 3 situations debout assis allongé.
En effet dans votre pratique vous réquilibrer l’occlusion dans une situation allongé et quelquefois la lecture d’une interférence occlusale est mise en situation debout ou assis.
Ce test peut etre réalisé quelque soit la classe occlusale et doit s’additionner au positionnement de la langue.
On peut aussi tester de la meme maniere mais avec du coton salivaire l’impact de la présence d’une édentation sur l’équilibre occlusale
il existe d’autre test et le plus utilisé est celui du pr DUPAS (test des longueurs des mains) ; il est très complémentaire et facile d’utilisation.
J’espère avoir répondu correctement à votre question et c’est avec plaisir d’échanger avec des praticiens ouverts au concept de posturologie
l’ostéopathie est que l’outil de travail la posturologie clinique est l’outil de dépistage
très cordialement
JFH
Marcel Glorion a dit:
Fév 17, 2012
Oui, poursuivons notre effort d’harmonisation des mots et je vous remercie pour votre réponse. Pour les dentistes (dans la bibliographie courante) le test de Meersseman apparait dans la retranscription d’une conférence qu’il a donnée en 1990 au CNO. Son auteur décrit donc son test de la façon suivante: » Nous avons élaboré un test très simple qui permet d’établir l’origine descendante ou ascendante d’un problème postural… On interpose entre les arcades dentaires des rouleaux de coton, des compresse pliées ou des épaisseurs de carton, de façon à éliminer une quelconque interférence occlusale, et par là même, les éventuels stimuli nociceptifs responsables du stress musculaire. On demande alors au patient d’effectuer les deux manoeuvres physiologiques fondamentales du point de vue de la dynamique posturale: déglutir et marcher. Ces deux mouvements, selon nous, sont capables de reprogrammer en quelques secondes toute la musculature posturale. Si la pathogénie est d’origine descendante, nous observons une nette amélioration ou même la disparition des symptômes. Si aucune amélioration de ces signes ne peut être observés, ou même en cas d’aggravation, il faudra chercher ailleurs la cause du déséquilibre. Le test de Meersseman… est un moyen de déterminer à quel spécialiste revient l’opportunité de commencer le traitement ».
A partir de votre réponse et de cette citation de Meersseman, je pense que la réponse à ma question « que signifient vos termes d’interférence occlusale déficitaire? » est la suivante: vous considérez comme une « interférence occlusale déficitaire » toute situation occlusale qui, annulée par des rouleaux de cotons, aboutit à un rétablissement de déficits musculaires posturaux. Ai-je bien compris?
HENNEBICQ a dit:
Fév 17, 2012
oui tout à fait seulement en posturologie le test est réalisé avec des lamelles de papier de faibles épaisseurs étant donné que le capteur dentaire est sensible au micron près et surtout il faut que le test soit physiologique yeux ouverts et yeux fermés. Déglutir permet de vérifier l’influence de la langue et son équilbre en oim.Par contre nous n’utilisons pas la marche mais un testing musculaire (test des abucteurs bilat ou test des extenseurs )
cordialement
JFH
Marcel glorion a dit:
Fév 17, 2012
Que voulez vous dire par « posturologie »? Le test de Meersseman tel qu’indiqué n’a-t-il pas sa place en « posturologie »? Cette précison est importante pour que nous puissions bien distinguer les différentes « écoles » ostéopathiques. Par ailleurs je ne comprends pas pourquoi des papiers de faible épaisseur serait plus propice au test de Meersseman que des rouleaux de coton épais? Merci de nous éclairer.
hennebicq a dit:
Fév 17, 2012
En effet le test de Meersmann en posturologie est basé sur une information fine car une épaisseur de rouleau de coton peut nuire à l’information testée. Des lamelles de papier suffisent car vous interrogez un capteur micrométrique et non pas centimétrique .
Ce test n’est pas un test ostéopathique mais d’abord posturologique ; l’ostéopathe n’a pas de test pouvant évaluer une bonne occlusion avec un abord palpatoire.
J’ai travaillé avec le dr andré thomas sur l’impact de l’occlusion dans les migraines le travail est toujours plus précis une fois les contacts repérer avec des bouts de lamelles de papier isoler le secteur dentaire conflictuel de facon trés précis à la dent prés est possible
actuellement je voudrais expérimenter un instrument plus informatiser qui s’appelle le t scan connaissez vous?
Marcel Glorion a dit:
Fév 17, 2012
J’avoue avoir quelques difficultés à suivre vos informations car à chacune de vos réponses apparaissent de nouvelles idées que je ne peux évaluer ni même intégrer dans mes propres bases. Avec le temps peut être..
Oui bien sûr nous connaissons le Tscan. Qu’en attendre de plus qu’un papier à articuler? Le contact dento-dentaire n’a de sens que par rapport à la position mandibulaire dans laquelle il se produit. Il me semble que c’est la position mandibulaire qui est prioritaire et non les contacts occlusaux.
hennebicq a dit:
Fév 18, 2012
merci de votre retour
contacts occlusaux position mandibulaire l’un ne va pas sans l’autre : l’articulé dentaire a des fonctions de guidage centrage et calage physiologiques conditionnant la position mandibulaire sans compter le placement de la langue .
CORDIALEMENT
au plaisir d’un prochain échange
JFH
Paul Boghen a dit:
Juin 4, 2019
Petite précision JP Meersseman est un chiropracteur, pas un posturo ou ostéo.
Merci de rendre à César ce qu’il lui appartient 😉